18 september 2009

LA VIE EN PROSE












‘Ecrire c’est lire en soi. L’écriture ranime le souvenir,
on peut écrire comme l’on exhume un cadavre. Tout écrivain est un ghosbuster, un chasseur de fantômes. L’écriture possède un pouvoir surnaturel. On peut commencer un livre comme si on consultait un mage ou un marabout.’

‘L’autobiographe se situe à la croisée des chemins entre Sigmund Freud et Madame Soleil.’

‘Le cerveau déforme l’enfance, pour l’embellir ou l’empirer, la rendre plus intéressante qu’elle n’était.’

‘Une vie de famille est une suite de repas dépressifs où chacun répète les mêmes anecdotes humiliantes et automatismes hypocrites, où l’on prend pour un lien ce qui n’est que loterie de la naissance et rites de la vie en communauté.’

‘Une famille, c’est un groupe de gens qui n’arrivent pas à communiquer, mais s’interrompent très bruyamment, s’exaspèrent mutuellement, comparent les diplômes de leurs enfants comme la décoration de leur maisons, et se déchirent l’héritage de parents dont le cadavre est encore tiède.’

‘Comment fait-on pour se débarrasser d’une éducation policée, de ses ridicules, ses préjugés, ses complexes, sa culpabilité, sa gaucherie, sa raie sur le côté, ses pulls à col roulé qui grattent le cou, ses blazers aux boutons dorés, ses pantalons de flanelle grise qui piquent les jambes avec le pli au milieu, sa suffisance, son élucotion snobinarde et ses mensonges? On perd la mémoire.’

‘L’Etat français prétend faire son possible pour que les citoyens puissent s’élever socialement, mais rien n’est prévu pour les aider à dégringoler.’

‘Il est difficile de se remettre d’une enfance malheureuse, mais il est peut-être impossible de se remettre d’un enfance protégée.’

(‘Un roman francais’. Frédéric Beigbeder. Grasset)

La Vie en Prose'.
'Journal InTimide.'
Stef Vancaeneghem.