01 februari 2008

LA VIE EN PROSE



‘Je repars là-bas tu lis quoi en ce moment t’aurais pas un de tes tuyaux pour pas que je m’ennuie.’
‘Rien de grave’, je lui dis.
Le téléphone reste muet. Pas comme dans la rengaine de Clo Clo où il n’arrête pas de chialer contre son fiston. Parce que maman a mis les voiles et que papa pleure. C’ est qui qui va lui repasser ses belles chemises de scène couleur fraise maintenant?
‘Quoi, rien de grave?’, qu’elle me demande. Un soupçonnet soucieuse.
(Elle m’adore. Je l’adore. Elle me manquera. On se manque tout le temps).
‘C’est le titre du livre que je lis en ce moment. C’est bien ce que tu me demandes non?’
‘Et ça parle de quoi? C’est grave?’
‘C’est Justine qui raconte son histoire. Elle, c’est la fille de Bernard-Henri Lévy. Le philosophe aux chemises à la Jacques- Brel- en- Don- Quichotte. Celui qu’est avec la diva Ariesle Dombasle. Tu sais bien, celle qui se prend pour Marlène Dietrich et vocalise à en attraper de l’urticaire. Justine elle, c’ est l’ex du philosophe Rafaël Enthoven.’
‘Mais encore?’
‘Au départ le père de Rafaël est avec un dénommée Paula. Puis, en vacances à Porquerolles Paula s’entiche de Rafaël. Elle se tape le père la nuit, le fils le jour. Et puis coup de foudre. Rafaël part avec Paula. ‘
‘Continue je t’écoute, j’aime bien quand tu me parles, c’est tarif gratuit le soir.’
‘Bonjour les dégats. Justine sombre dans la déprime. Cocktails de Dinintel-Survector-Effexor-Incital-Xanax. Journées passées au lit. Angoisses. Clinique psychiatrique. Tout le bordel.’
‘Et Paula et Rafaël?’
‘Il se font un beau bébé. Rien de grave. Si ce n’est que Justine a du se faire avorter à vingt ans. A la demande express de Rafaël. Ils se connaissaient et s’adoraient depuis toujours pourtant, ces deux. Enceinte de cinq mois qu’elle était Justine. Récit poignant. Tu te mets à lire et tu ne peux plus t’arrêter.’
‘Bon une histoire d’amour qui tourne mal d’accord. Mais rien de spécial cette histoire, je ne vois pas pourquoi tu t’emballes.’
‘Si très spécial, tu te trompes. Toute la France dévore l’histoire de Justine.’
‘Pourquoi ça donc, ptit frère?’
‘Parce que derrière le personnage de Paula se cache Carla Bruni. Et Rafaël c’est Rafaël Enthoven. Celui pour qui Bruni chante:

Raphaël a l’air d’un ange,
mais c’est un diable de l’amour,
du bout des hanches
et de son regard de velours,
quand il se penche,
quand il se penche
ses nuits sont blanches
et pour toujours.’

‘Pour toujours, mon oeil. Pauvre Rafaël, pauvre papa de Rafaël, pauvre Justine, pauvre Cécilia, pauvre Sarko.’
‘Et pauvre Bernard-Henri.’
‘Pourquoi tu dis pauvre Bernard-Henri?’
‘Parce que tout se passe en fait chez lui. C’est dans sa propriéte que tombe la foudre nommée Carla. En plus Rafaël est le fils de son meilleur ami qui est là avec Carla en invité. Pour asaisonner le tout Rafaël en veut à mort à Justine d’aduler son papa Bernard- Henri’
‘Ils sont fous, ces people.’
‘Non rassure-toi, rien de grave. Le livre se vend comme des croissants au chocolat. En plus, c’est vachement bien écrit. Puis Justine semble remonter la pente. Un cas intéressant. Comme écriture thérapeutique ça marche à fond. Donc, rien de grave.’
‘T’en a d’autres?’
‘Bof. Une bio sur Sagan. Je viens de commencer et ça part un peu dans tous les sens. Je n’arrive pas à m’intéresser vraiment. Faut voir.’
‘Si tu venais plutôt chez nous? Le soleil du midi te changerait d’écrire comme un moine à l’ombre de la belle vie. On pourrait se promener sur les galets. Faire percuter les cailloux sur la grande bleue. Comme avant.’
‘Merci mais là, j’ai des trucs à terminer. Il y a urgence, rien de grave.’


‘La Vie en Prose’. ‘Journal Intimide.’
Copyright Stef Vancaeneghem.