03 december 2005

EGOSTRIP (48)

Insomnia

Toen de vogel van de slaap
zich in mijn oog dacht
te nestelen

Zag hij wimpers
en bang voor vangnetten
vloog hij weg.

Ibn-al-Hammarah. ‘Insomnia’.


Le businessman

‘Et que fais-tu de ces étoiles ?’
‘Rien. Je les possède.’
‘Et à quoi cela te sert-il de posséder les étoiles ?’
‘Cela me sert à être riche.’
‘Et à quoi cela te sert-il d’être tiche ?’
‘A acheter d’autres étoiles.’
‘Et qu’en fais-tu ?’
‘Je les gère. Je les compte et je les recompte.’
‘Moi, si je possède une fleur, je puis la cueillir et l’emporter. mais tu ne peux pas cueillir les étoiles.’
‘Non, mais je puis les placer en banque.’
‘Qu’est-ce que ça veut dire ?
‘Que j’écris sur un petit papier le nombre des mes étoiles. Et puis j’enferme à clef ce papier-là dans un tiroir.’
‘C’est amusant’, pensa le petit prince. ‘C’est assez poétique. Mais ce n’est pas très sérieux. Les grandes personnes sont décidément tout à fait extraordinaires.’

‘Le Petit Prince’. Antoine de S aint-Exupéry. (Ingekort).

Al wat de mensen ooit vermogen

Al wat de mensen ooit vermogen
drijft weg in de rivier der tijd,
en volk en vorst wordt meegezogen
in de afgrond der vergetelheid.

En blijft er toch iets ongeschonden
door zoete klank van lier of fluit,
‘t wordt door de eeuwigheid verslonden
en komt onder het lot niet uit.

Gavrila Romanovitsj Derzjavin.

Flemish writer

Dear Sir or Madam will you read my book ?
It took me years to write, will you take a look ?
It’s based on a novel by a man named Charlie
And I need another publisher
So I want tot be a
Flemish writer, Flemish writer

It's a thousand pages give or take a few
I’ll be writing more in a week or two.
I can make it longer if you like the style
I can write you a thriller too
Caus’ I want to be a
Flemish writer, Flemish writer

If you really like it you can have the rights
It could make a million for you overnight
Given it all away, I wish you goodnight
But now I need a break
Caus’ I want to be a
Flemish Writer, Flemish Writer

Vrij naar ‘Paperback Writer’. Paul McCartney.

Nog dikwijls moet ik denken aan die stad

Nog dikwijls moet ik denken aan die stad
zo oud, zo ijdel en zo decadent
doortrokken van geheimen en geruchten

Daar is een woonstee die niet ieder kent
alleen bereikbaar langs de Brug der Zuchten
alleen verlaatbaar, zegt men in een kist

De Loden Kamers…Nou, ik kon ontvluchten
met lust ben ik vertrouwd, maar ook met list
mijn leven is een dichtbeschreven blad

Ik heb geleerd, genoten en geboet
wat jammer dat men ook nog sterven moet

Giacomo Girolamo Casanova. ‘Nog dikwijls moet ik denken aan die stad.’


Tegen de Romeinse Curie

Hier smeden ze helm en zwaard uit vrome vaten
en overal is ‘t bloed van Christus veil
Kruishout en kroon wordt schild en lans en bijl,
en jij, o God, blijft lijdzaam en gelaten

Oh Heer, blijf weg uit Rome, waar prelaten
gedreven door een nieuwe levensstijl
je lichaam duur verkopen en je heil
verkwanselen voor wapens en soldaten.

Ikzelf heb nergens werk meer, en degene
die hier pontificaal de mantel draagt
kan mij nu als Medusa doen verstenen.

Maar hoe kan armoede, die God behaagt
zichzelf nog ooit aan ‘s hemels bronnen laven
als ‘t eeuwig leven zo wordt ondergraven ?

Michelangelo Buonarroti. ‘Tegen de Romeinse Curie.’


Notre Père qui êtes aux cieux,
restez-y.
(Jacques Prévert).

Een bergpaleis

Een bergpaleis
helemaal van kristal en zuiver :
geen sprankel stof op een
van deze bloemen.

Als we als gekken beginnen zingen
dansen alle bergtoppen.
en eens gaan we schilderen
wordt zelfs de hemel slechts versiering.

Voor jou en mij ligt de vreugde in het doen
en de duivel hale me als ik iets geef om ‘talent’.

Maar als je, mijn vriend, zo af en toe
iets hoort als geestelijk gelach…
dan zijn het alle grote, dode, gekke dichters
die even binnenpiepen om te luisteren.

Kuan Hsiu. ‘Een bergpaleis’.


La ville s'endormait

La ville s'endormait
et j'en oublie le nom
sur le fleuve en amont
un coin de ciel brûlait

La ville s'endormait
et j'en oublie le nom
et la nuit peu à peu
et le temps arrêté
et mon cheval boueux
et mon corps fatigué
Et la nuit bleu à bleu
et l'eau d'une fontaine
et quelques cris de haine
versés par quelques vieux
sur de plus vieilles qu'eux
dont le corps s'ensommeille

La ville s'endormait
et j'en oublie le nom
sur le fleuve en amont
un coin de ciel brûlait

La ville s'endormait
et j'en oublie le nom
et mon cheval qui boit
et moi qui le regarde
et ma soif qui prend garde
qu'elle ne se voit pas
et la fontaine chante
et la fatigue plante
son couteau dans mes reins
et je fais celui-là
qui est son souverain
on m'attend quelque part
comme on attend le roi
mais on ne m'attend point
Je sais depuis déjà
que l'on meurt de hasard
en allongeant les pas

La ville s'endormait
et j'en oublie le nom
sur le fleuve en amont
un coin de ciel brûlait
la ville s'endormait
et j'en oublie le nom
il est vrai que parfois près du soir
les oiseaux ressemblent à des vagues
et les vagues aux oiseaux
et les hommes aux rires
et les rires aux sanglots
il est vrai que souvent
la mer se désenchante
je veux dire en cela
qu'elle chante
d'autres chants
que ceux que la mer chante
dans les livres d'enfants
mais les femmes toujours
ne ressemblent qu'aux femmes
et d'entre elles les connes
ne ressemblent qu'aux connes
et je ne suis pas bien sûr
comme chante un certain
qu'elles soient l'avenir de l'homme

La ville s'endormait
et j'en oublie le nom
sur le fleuve en amont
un coin de ciel brûlait

La ville s'endormait
et j'en oublie le nom
et vous êtes passée
demoiselle inconnue
à deux doigts d'être nue
sous le lin qui dansait

Jacques Brel. La ville s’endormait.