17 januari 2008

LA VIE EN PROSE


Elle se tient les reins cambrés. En léopard, comme une star. Tout au fond de son aubette. Elle m’apparaît comme un remake d’Arielle Dombasle. Qui est un remake de Marilyn Monroe. Qui se voulait remake d’Eve, la pomme d’Adam. Eve, remake du rêve lubrique du Bon Dieu.

J’ai sous le bras Cécilia. Je veux parler du livre que la France entière s’arrache. Que l’ex de Sarko veut faire interdire en cours d’appel. Mais trop tard. Bonjour les dégats collatéraux, après divorce. Ce soir j’y lirai que le président n’aime que lui. Rien de neuf. Car comme le disait si bien Verlaine ou était-ce Coluche, cet autre candidat à la présidence: ‘Tout homme est ego.’

Il n‘aime donc que lui, Sarko. Pas même ses propres moutards. Très propres pourtant, ses petits. Tous passés au Kärcher de papa. Pas comme 'cette racaille'. Et, à lire 'Cécilia': se baladant dans les beaux cartiers de Paris sur des pompes à 2000 euro la paire.

J’y lirai qu’il adore faire défiler ses belles de nuit à l’Elysée.
Qu’il chante avec elles les evergreens de son pote Johnny au Karaoke jusqu'à quatre heures du mat.

‘Quand mon corps
sur ton corps,
lourd comme
un cheval mort,
..que je t'aime’

Qu’il ne se souvient même pas du prénom de certaines de ses conquêtes. Qu’elle, Cécilia, ne sait même plus quoi faire pauvre bout’de chou, pour nouer les deux bouts maintenant qu’elle a mis les voiles. S’en expliquant quelques jours plus tard dans Elle. Revue officielle pour femmes libérées, très Nights in white satin.(De toutes les matières c'est la ouate qu'elle préfère). Qu’elle ne pourra même plus lancer sa Mini Cooper grise à vive allure dans les allées réservées aux bus sans se faire coller des amendes. Qu’elle ne pourra même plus faire la parlote, le nez dans la coupe, avec ses petites copines au Foucquets, ni au Bristol. Meilleures copines qui la plaquent, ces petites connes, dès qu’elle n’est plus madame Sarko. Qu’elle ne va quand-même pas manger le capital qu’il lui laisse pour vivre. Qu’elle ne va pas le déranger, l'avare, pour à peine… 2000 euros par mois en plus.’
(Dites-moi, qu’est-ce qu’une femme fatale comme elle peut bien faire avec 2000 euros? De la monnaie, je vous demande un peu. Même pas de quoi lui payer les textos qu’elle lance à Richard Attias. Qu’elle aime toujours. Qu’elle a largué comme un vieux chiffon usé ok. Mais qu’elle aime heu…: à la folie. Qu’elle supplie de revenir. Mais il est trop tard, trop tard déjà. La place est prise par cette greluche de Mathilda May. Pourtant elle ne désespère pas. En amour ni jamais ni toujours. Et avec tout le pouvoir qu'elle exerce sur les hommes. (Voir Khadafi, plus loin). Il ne voudrait quand-même pas lui, le président, qu’avec l’aumone de misère qu’il lui laisse, leur fils Louis termine ses jours sous les ponts de Paris. En grattant ‘Marche à l’ombre’ de Renaud? Apropos de Louis, maintenant qu’elle a cassé le cocotier, c’est qui qui va lui payer le British College bon chic bon genre Londonien à leur petit? Et ses Rolex sur fond de diamants? Fini les Rolex? Ha bon… Des petites Swatch à cents balles peut-être? Mais tu n’y penses pas, Nico mon nigaud.

Bref, ‘stupeurs et tremblements’ comme l'écrirait mon amie Amélie, Nothomb de son nom, à la lecture de ce livre riche en 'révélations'. Grand frisson sur vie bidon, ce livre de Biton. Beau linge froissé par bouquin interposé. Normal qu’elle essaye de le faire interdire. Tellement qu’à relire toutes ses malpropres salades, elle en arrive à être choqué par sa propre légèreté. Pas que j’irai jusqu’à pleindre ce bon vieux serial ladykiller de Sarko. Du tout du tout, mon bout de chou.(Restons dans le style pipolisé Sarkostylé). Je me méfie trop d’un président qui l'un jour joue au gosse émerveillé à Disneyland avec à la main un autre gamin que le sien, avant d’aller vendre le lendemain ses armes aux cheiks. Mais de là à suivre une capricieuse qui veut nous faire croire que c’est elle, et elle toute seule, qui a libéré les infirmières Bulgares ‘par le pouvoir qu’elle exerçait sur Kadhafi’… ça me fait plutôt fredonner la chansonette de Delpech: …ma pauvre Cécile.

*

Elle se tient donc les reins bien cambrés au fond de toutes ses gazettes, la bimbo de l'aubette. Je lui demande le nouveau ‘Lire’. Je la vois sur le point de perdre son bel équilibre à haute teneur érotique. Je l’imagine déjà dégringolante de son tabouret. Je me vois la soulever. La consoler. Soigner l’entaille à la lèvre supèrieure très bottoxisée. Lui chuchoter les mots qu’il faut. ('Vous petit bobo? Moi gros nounours'). Car comme disait si bien Coluche tout homme… Elle n’a jamais entendu parler du magazine littéraire Lire. Elle tente de me vendre le Match.
‘Non merci.’
‘Le nouveau Gala? ‘
Elle se ravise. Semble flairer en moi le soixante-huitard que je suis, en duffelcoat bien trop usé pour faire chanter les belles à L'Elysée.
‘Le Nouvel Observateur ça vous va?’
‘Ou alors le Point?’
‘L’Express? ’
J’insiste. 'Le Lire'. Je délire ou quoi? C’est comme si je lui demande un autre monde, où sa lune serait blonde. Non. Elle n’a pas. Jamais entendu parler.
La France de Sarko. La France nouvelle.
'Ensemble nous y parviendrons'.
Avec Cécilia & Carla. Et tous les dessous dans Gala.


‘La Vie en Prose’.
‘Journal Intimide'.
Copyright Stef Vancaeneghem.